Quand on voit l’énergie que déploient
les humains pour s’adonner aux activités qui leur procurent du plaisir, il est
évident que si le bonheur était synonyme de plaisir, ils nageraient tous dans
la félicité. Or, c’est souvent le contraire qui se produit, et là où ils
trouvent leur plaisir, ils trouvent aussi leur malheur.
Ils choisissent de préférence ce qui est
facile, agréable, sympathique, sans voir combien cela peut être préjudiciable
pour leur évolution. Ils n’ont pas la sagesse de choisir consciemment certaines
difficultés en sachant que derrière les apparences plaisantes sont souvent
cachés les pièges, les désillusions, les amertumes.
Le plaisir est une sensation
momentanément agréable qui nous pousse à croire qu’en la prolongeant le plus
longtemps possible nous serons heureux ; eh bien, non. Pourquoi ?
Parce que les activités qui procurent rapidement et facilement ces sensations
agréables ne se situent pas, la plupart du temps, sur un plan très élevé ;
elles ne touchent que le corps physique, le cœur, l’intellect, et ces
satisfactions sont limitées et éphémères. Celui qui croit trouver le bonheur
dans le plaisir peut être comparé à l’alcoolique ; il se verse à boire…
ah, qu’il se sent bien ! Il oublie tous ses soucis et il tire la
conclusion qu’il est magnifique de boire. Oui, si l’on doit se prononcer sur
quelques minutes, quelques heures, ça peut paraître magnifique. Mais des années
après, que va-t-il se produire ? La perte des facultés, l’impossibilité de
mener une vie familiale et sociale équilibrée, les accidents, la déchéance, le
crime peut-être ... Eh bien, dans de nombreuses circonstances, les gens se
conduisent comme des alcooliques ; ils croient que tout ce qui leur paraît
agréable dans l’instant le restera pour l’éternité. Eh non, malheureusement,
non.
En cherchant le plaisir, l’homme pense
surtout à lui-même, car son plaisir, c’est lui. Il ne cherche pas le plaisir
des autres, mais uniquement le sien. Ainsi, il se limite et il s’avilit car,
pour obtenir ce plaisir et le défendre, il est souvent obligé d’employer des
méthodes condamnables, et s’il est, à un moment ou à un autre, privé de ce
plaisir, il se montre agressif, injuste, cruel, vindicatif, c'est-à-dire qu’il
manifeste toutes les tendances de sa nature inférieur. Le plaisir n’est jamais
n guide sûr, car ce qui commence agréablement a souvent une suite désagréable.
Il est agréable de faire un grand festin dans le meilleur restaurant, mais
quand on doit payer, c’est un peu désagréable.
Remplacer le plaisir par le travail,
c’est remplacer une activité ordinaire, égoïste, nuisible, par une activité
plus noble, plus généreuse, qui élargit votre conscience et déclenche en vous
des possibilités nouvelles ; il n’est pas question de vous priver de
plaisir, mais simplement de ne pas mettre le plaisir à la première place comme
but de l’existence, car il vous affait, il vous appauvrit. Imaginez un homme
qui, parce qu’il aurait froid, utiliserait pour se chauffe es meubles de sa
maison ; les chaises, les tables, les lits, les armoires, les portes, les
fenêtres.. Au bout de quelque temps, il ne restera plus rien. Eh bien, il en
est de même avec celui qui se laisse guider par le plaisir ; tout ce qu’il
est en train de vivre comme émotions, comme sensations, brûle peu à peu ses
réserves. Et qu’est-ce qui
l’attend ? L’appauvrissement, l’obscurcissement de la conscience.
De la même façon que l’homme produit la
lumière dans le plan physique, il peut la produire aussi dans le plan
psychique. Si nous étudions ce processus dans le domaine de l’amour, nous ferons des découvertes très
intéressantes. Que font les humains dans l’amour physique ?
Symboliquement, on peut dire que, comme les deux morceaux de bois, ils se
frottent l’un contre l’autre pour produire de la chaleur, c'est-à-dire une
sensation de plaisir. Bon, mais pourquoi en restent-ils là ? Pourquoi ne
vont-ils pas jusqu’à l lumière ? Pourquoi ne deviennent-ils pas plus
éclairés, plus lucides ? Pourquoi leur amour ne leur donne-t-il pas une meilleure
compréhension des choses ? Pourquoi ne leur révèle-t-il pas toutes les
splendeurs de l’univers ?...
Mouvement et chaleur, voilà pour le
moment ce que les humains comprennent de l’amour, c’est tout ; ils
s’arrêtent à moitié chemin, ils ne vont pas jusqu’à la lumière. Pour produire
de la lumière, il ne faut pas chercher seulement le plaisir, parce que le
plaisir absorbe doutes les énergies et empêche la lumière de jaillir. Donc,
c’est simple, c’est clair : il ne faut pas s’arrêter en chemin, il faut
aller jusqu’à la lumière. Evidemment, il
ya en chemin beaucoup de choses séduisantes à voir et à goûter, oui,
mais si on s’y arrête, on n’atteint pas le but qui soit être l’aboutissement de
toute activité ; la lumière.
En réalité, l’amour, le véritable amour,
quand vous l’avez trouvé, rien ni personne ne peut vous le faire perdre, vous
le possédez pour toujours. Mais justement, à condition de remplacer le plaisir
par le travail. Le travail, c’est quand l’homme décide de ne plus gaspiller ses
énergies à la recherche du plaisir, mais de les utiliser pour faire fonctionner
d’autres centres, en haut, dans son cerveau… Au lieu de laisser se déchaîner en
lui tous les tourbillons et les éruptions volcaniques, il est attentif, il
garde sa lucidité, sa maîtrise, afin de canaliser ces courants, de les diriger
et c’st ainsi qu’il éveille dans son cerveau de nouvelles facultés que feront
de lui un génie, un Initié, une divinité. Voilà comment il transforme la
chaleur en lumière ; en replaçant le plaisir par le travail. Et c’est à ce
moment-là que le véritable plaisir commence à l’envahir ; un plaisir qui
ne l’avilit pas, cette fois, mais l’élève et l’ennoblit.
Les hommes et les femmes d’aujourd’hui
pensent qu’ils ont remporté une grande victoire en obtenant la liberté
sexuelle, oui, c’est vrai, c’est une grande victoire contre l’hypocrisie et
l’étroitesse d’esprit qui ont régné pendant des générations. Mais le problème
de la sexualité est-il résolu pour autant ? Après le refoulement, le
défoulement ... En se précipitant pour expérimenter un domaine aussi
essentiel et complexe que la sexualité, ils s’exposent à tous les dérèglements
physiques et psychiques. Car pour résoudre le problème, il ne suffit pas de
conseiller l’usage des préservatifs, des contraceptifs ou de permettre
l’avortement ; et les interdire ne sert à rien non plus.
« Alors, direz-vous, que
faire ? » Expliquer, éclairer la question. Il faut expliquer aux
humains ce qu’est la force sexuelle, en quoi elle est liée à l’amour. La force
sexuelle est une puissance millénaire contre laquelle il est impossible de
lutter, mais ce n’est pas une raison pour se laisser complètement entraîner par
elle. Il existe des méthodes pour la canaliser, l’orienter, afin qu’elle
contribue au développement psychique, moral et spirituel de l’individu. Mais il
existe très peu d’hommes et de femmes qui sont capables de comprendre pourquoi
il est souhaitable d’apprendre la maîtrise. Tous s’imaginent que les relations
sexuelles doivent automatiquement les épanouir, les enrichir ; mais ils ne
savent pas comment se présente réellement cette question.
Les effervescences sexuelles entrainent
non seulement une perte d’énergie physique, mais aussi la perte des énergies
psychiques les plus subtiles, les plus précieuses. Et une fois ces énergies
gaspillées, on est privé de tout ce qui pouvait donner l’inspiration, l’élan
vers le monde de la beauté, de la lumière. Je comprends qu’il est difficile
d’entendre ici parler de maîtrise quand tellement d’autres personnes autour de
vous revendiquent la liberté sexuelle et justifient ces revendications par des
arguments apparemment très valables. Que vous n’ayez pas envie d’être privés de
plaisirs sexuels, c’est entendu, mais il y a plaisirs et plaisirs, et essayez
au moins de voir quels avantages vous avez à renoncer à certains de ces
plaisirs. Renoncer à certains plaisirs sensuels n’a de signification que si
c’est pour les remplacer par des acquisitions et des joies spirituelles.
Dans la vie spirituelle, le renoncement
ne s’accompagne pas d’une perte ; renoncer, c’est remplacer, c'est-à-dire
transposer les plaisirs sur un plan supérieur. Il s’agit de la même activité,
mais avec des éléments plus purs, plus subtils, et surtout un but plus
désintéressé. Quand on décide de diminuer les manifestations physiques de
l’amour, c’est pour le vivre mieux dans ses manifestations spirituelles ;
sinon, c’est stupide, insensé. Et on l’a vu, tous ceux qui ont voulu renoncer à
l’amour physique sans chercher l’amour dans le plan spirituel se sont exposés à
de grands dangers, car ce n’est plus de la sublimation, mais du refoulement.
Il n’est pas donné à tout le monde de
pouvoir maîtriser la force sexuelle. C’est pourquoi, avant de se lancer dans
une pareille aventure, il faut bien réfléchir et surtout bien se connaître :
si vous sentez que vous avez encore besoin de plaisirs physiques, il est
préférable pour vous de ne pas vous en abstenir brusquement, sinon ce sera
pire. Mais si vous sentez profondément le besoin de vivre quelque chose de plus
subtil, de plus spirituel, de comprendre la splendeur du monde divin et d’aider
les humains par votre amour, vous pouvez choisir ce chemin. Le Ciel ne demande
pas à tous d’être capables de sublimer la force sexuelle, mais il demande à
chacun de faire au moins quelques efforts dans ce sens, de ne pas s’arrêter en
chemin. a quelque niveau que l’on se trouve, on ne doit jamais abandonner le
désir de monter, de traverser les nuages jusqu’à contempler le soleil, la
lumière.
Vous avez tout de même intérêt à prendre
le travail comme but de votre vie, à faire en sorte que chaque moment de la
journée soit une nouvelle occasion de progresser dans la vie de la maîtrise, de
l’harmonie, de la lumière. Et vous verrez, c’est dans ce travail-là que vous
goûterez un jour le nectar et l’ambroisie, la nourriture des dieux.
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