On entend dire souvent que les gens
simples, primitifs, ignorants, trouvent plus facilement le bonheur que les gens
instruits et cultivés. Et c’est vrai qu’en développant l’intelligence, le goût,
on devient plus sensible, donc plus vulnérable aux variations des conditions
matérielles ou psychologiques dans lesquelles on vit. Alors, quelle conclusion
en tirer ? Que pour être heureux il faut rester un primitif, un
sauvage ?... Dans ce cas, pourquoi ne pas aller encore plus li n t
descendre jusqu’au règne animal ? Ils sont heureux, les animaux ils n’ont
pas nos problèmes... Et il se peut que les plantes soient encore plus heureuses
parce qu’elles ne souffrent pas ... Et les pierres ? Elles ne sentent
rien, c’est donc encore mieux ... En voilà une logique !
Ce qui fait la principale différence
entre les divers règnes de la nature : les pierres, les plantes, les
animaux, les hommes, c’est la sensibilité, car l’évolution est proportionnelle
à la sensibilité. Les plantes sont plus sensibles que les pierres, les animaux
plus sensibles que les plantes, et les hommes plus sensibles que les animaux.
Mais la chaîne des êtres ne s’arrête pas là : au-delà des hommes il ya les
anges, les archanges et toutes les hiérarchies angéliques… Oui, c’est toute une
graduation de créatures de plus en plus sensibles… jusqu’au Seigneur lui-même.
Le Seigneur est omniscient, il sent tout, il voit tout, il sait tout. Justement
parce que Lui seul est véritablement sensible. Voilà les véritables dimensions
de la sensibilité. Le seul être réellement sensible est le Seigneur. Quant à l’homme,
bien sûr, en devenant plus sensible, il devient plus vulnérable et il souffre
davantage ; mais ile st préférable pourtant qu’il développe sa
sensibilité, car c’est elle qui le fait évoluer !
En réalité, il faut faire la différence
entre la véritable sensibilité et cette sensibilité maladive qu’il serait plus
exact d’appeler susceptibilité ou sensiblerie. La véritable sensibilité est une
faculté qui nous rend capables de nous élever très haut, très loin, et d’avoir
accès aux réalités d’un monde de plus en plus subtil. La sensiblerie, elle, est
une manifestation de la nature inférieure qui, se prenant pour le centre du
monde, trouve qu’on ne lui manifeste pas assez de considération ; alors
elle se sent toujours frustrée, blessée, et devient agressive. Quand on a vu
cette distinction, on comprend qu’il y a tout un travail à faire sur la nature
inférieure pour la maîtriser, la juguler ; c’est la seule façon de
permettre à la véritable sensibilité de s’épanouir, de s’enrichir.
La sensibilité n’est pas seulement cette
faculté qui nous fait nous émouvoir, nous émerveiller devant les êtres que nous
aimons, la beauté de la nature ou les œuvres d’art. La sensibilité est la
condition de l’évolution ; c’est une faculté supérieure qui nous ouvre les
portes d e l’immensité et nous donne la compréhension de l’ordre divin des
choses ; c’est elle qui nous permet d’entrer en relation avec les régions,
les entités et les courants du Ciel et de vibrer à l’unisson avec eux. Cette
sensibilité-là, tous doivent la cultiver, sinon l’humanité va régresser. On
voit tellement de gens qui donnent l’impression qu’ils sont en train de
retourner au stade de l’anima, du végétal ou même de la pierre ! Oui, ils
ne font aucun effort pour éduquer leur sensibilité ; soit ils se laissent
aller à la tristesse, à la déception, à la révolte, soit ils essaient de s’endurcir,
ou bien de s’étourdir. Eh bien, ce n’est pas ainsi qu’ils évolueront.
Pour évoluer, nous devons entreprendre
un vrai travail sur notre sensibilité. Ainsi notre matière psychique devient
plus fine, plus souple, plus pure, elle vibre autrement et, tout en nous
rendant plus capables de percevoir le monde divin, elle nous ferme à la bêtise,
à la méchanceté, aux outrages : on n’y fait même plus attention. Avant
d’avoir développé cette sensibilité spirituelle, on réagissait à la moindre
agression, tandis que maintenant on n’en souffre plus. C’est la vraie
sensibilité, celle de l’âme et de l’esprit, qui nous protège de la sensiblerie,
cette sensibilité ridicule entretenue par notre nature inférieure. Alors il y a
deux avantages ; on s’ouvre à la lumière, à la beauté, à la félicité du
monde divin, et on échappe aux ténèbres, aux laideurs, aux souffrances de la
terre. Voilà donc un sujet qui mérite réflexion.
Les créatures véritablement sensibles ne
sont pas vulnérables. Justement, c’est grâce à leur sensibilité qu’elles
échappent à la malveillance, à la grossièreté, à la laideur. On ne peut pas
avoir tellement prise sur elles parce qu’elles sont ailleurs, plus haut, elles
se sont identifiées à leur nature supérieure, et elles sentent les choses
autrement. Quand on est sensible au monde divin, on est à l’abri, comme si on
était entouré d’une enveloppe protectrice ; on est seulement ouvert à ce
qui est bon, beau, lumineux, et on est fermé à tout le reste. Le jour où vous
déciderez de développer cette sensibilité, vous sentirez que quelque choses en
vous ne répond plus qu’aux messages du Ciel, et vous supporterez plus
facilement les vexations, les pertes, les injustices. Vous direz :
« Oh, ce n’est rien en paraison des richesses que je possède », et
vous passerez outre.
Les larmes que vous versez devant la
beauté, sont comme une rosée, une pluie céleste, des courants magnifiques qui vous purifient, qui arrosent les fleurs
de votre jardin divin et vous donnent une impulsion pour continuer votre
travail. Les larmes de déception, d’amertume, apportent peut-être un certain
soulagement, mais c’est tout. Tandis que les larmes d’émerveillement sont
imprégnées d’une telle puissance divine que le Maître Peter Deunov conseillait
de prendre un mouchoir propre pour les recueillir, en disant que ce mouchoir
serait comme un talisman, car chacune des larmes ainsi versées contient quelque
chose de la Divinité.
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